Voici quelques semaines que je m’amuse avec MidJourney. Petit résumé de mon expérience, avis et conseils.
La découverte de cet outil s’est faites suite à un besoin précis. Je travaille depuis quelques temps avec un auteur scénariste qui a écrit une pièce de théâtre multimédia. Sur un écran au fond de la scène, il souhaite projeter des images un peu complexes à trouver (SF). La solution, les photomontages. Faute de budget, difficile de faire appel à des pro pour un travail préliminaire tant qu’il n’y a pas d’investisseur sur le projet.
J’ai entendu parlé de Dall-e et j’ai testé, mais même si les résultats se sont révélés intéressants, les tarifs l’étaient moins. Quelques essais avec Dall-e :
J’ai alors creusé le sujet et découvert MidJourney. Un peu moins facile au premier abord car il nécessite de passer par Discord et d’entrer des pompts avec un peu de code, il s’est en revanche avéré incroyable assez rapidement :
Les tarifs sont assez raisonnables. Autour de 10$ pour quelques heures de processeur très vite dépensées, 30$ pour 15h (et la possibilité de générer vos images en « privé » et bénéficier du mode relax), 600$ si vous êtes une entreprise qui fait plus d’un million de bénéfice à l’année. Vous l’aurez compris, ce n’est pas au nombre d’images générées que votre budget est dépensé mais au temps d’utilisation du processeur nécessaire à la création des images.
Il existe donc deux modes, un Fast qui utilise votre budget processeur et un Relax qui n’utilise pas votre budget mais qui est plus lent. Tout à fait suffisant pour lancer des rendus pendant que vous faites autre chose. Autrement dit, avec 30$ par mois, vous pouvez créer de façon illimitée !
Je n’entrerai pas ici dans un mode d’emploi de MidJourney, il en existe partout sur le net et il serait déjà obsolète dans une semaine. Les nouveautés affluent régulièrement. Mais, pour résumer, il suffit d’entrer quelques mots clés avec un code spécifique pour obtenir 4 images qui collent à la description.
Après des heures passées sur cette IA, j’apprends petit à petit à lui parler, comme une nouvelle langue qu’on acquiert. On finit par comprendre ce qu’elle entend et ce qu’elle n’entend pas. Comme on apprend à se servir d’un outil.
Et c’est là le but de ce billet. MidJourney est un outil.
Ce qui motive l’écriture de ces lignes, c’est le commentaire sur Insta d’une graphiste talentueuse avec qui je travaille depuis des années, blessée par le fait que j’utilise ce programme qui pour elle fait du mal aux artistes. Elle a considéré mes posts sur Instagram comme une insulte à son métier et pense que je ne devrais pas le mettre en avant. Alors tout d’abord, désolée si je blesse les artistes, ce n’est pas mon but. Je suis journaliste, depuis plus de 20 ans spécialisée dans les nouvelles techno et la création artistique, je suis curieuse, j’aime les belles images et puis… je partage ce que je veux sur mon Insta tant que c’est légal, non ? D’autant que je ne me cache pas du tout dans les infos des « photos » d’indiquer que ce sont des images générées par IA. EDIT : ya que les imbéciles qui ne changent pas d’avis et après réflexion, j’ai supprimé les AI de mon insta. Je continuerai cependant de m’amuser avec MidJourney et suivre les avancées avec intérêt ^^
J’aimerais rappeler ici que toute nouvelle technologie qui un jour a eu comme conséquence de modifier nos usages, nos habitudes, nos métiers, et « remplacer » les humains par des automatisations, a toujours été mal reçu à ses débuts.
MAIS : la télévision n’a jamais remplacé le théâtre, l’appareil photo n’a pas tué le dessin, la dématérialisation de la musique n’a pas réduit le nombre de concerts, et Photoshop et Painter n’ont jamais remplacé les dessinateurs et peintres tradi. La preuve, aujourd’hui, je ne fais presque plus de magazines sur Photoshop, alors que ceux sur la peinture à l’huile, l’aquarelle et le dessin fonctionnent mieux que jamais.
Je comprends les craintes des artistes quand on voit les résultats de MidJourney, mais il y a pas mal de choses qu’il ne faut pas oublier concernant cette IA et les autres :
INCONVÉNIENTS
- les résolutions sont faibles et même si on peut les imprimer en A3, la définition reste limite.
- les styles commencent à être très reconnaissables
- les erreurs, imprécisions sont nombreuses, les mains, les pieds et plein de détails sont souvent étranges et doivent etre retouchés pour que l’image soit utilisable.
- ça ne répondra jamais précisément à une demande exigeante.
- il faut considérer cet outil comme du concept art rapide pour lancer une commande plus précise auprès d’un artiste ou pour réaliser une image soi-même sur cette base.
- au niveau des droits, vous pouvez en faire ce que vous voulez, mais les autres aussi, les images générées n’appartiennent à personne en fait car il n’est pas possible pour le moment de copyrighter une image générée par une IA…
LES BONS CÔTÉS
- C’est hyper addictif, amusant, impressionnant à voir ! FUN !
- Les artistes du numérique, plutôt que les craindre, devraient apprendre à utiliser les IA pour gagner du temps de création, et même servir l’inspiration. Il est possible de créer des textures, des éléments sur fond blanc à intégrer dans des créations, ou encore d’utiliser une image comme base de photomontage ou de peinture numérique. Proposer rapidement une sorte de concept aux clients avant de bosser sur la version de l’artiste.
- Les artistes traditionnels aussi peuvent utiliser les IA comme base d’inspiration, pour créer des perspectives, des compositions et repeindre ou redessiner par dessus, ou simplement essayer de les reproduire comme des exercices.
- Les photographes peuvent imaginer des scènes avant de faire poser leurs modèles.
- Les cinéastes peuvent imaginer des cadrages, des scènes, etc. pour leur storyboard.
- Les utilisations personnelles sont nombreuses aussi. Vous pouvez générer un dessin d’un pokemon ou Harry Potter qui joue de la guitare sous la Tour Eiffel pour votre gamin qui est fan de ça et qui serait probablement impossible à trouver autrement… Ou même des croquis pour coloriage…
- Ou encore générer le fond d’écran de vos rêves pour lequel jamais vous ne feriez appel à un artiste rémunéré… Un fond de carte de voeux, d’anniversaire, etc.
- Vous voulez écrire une histoire illustrée pour vos enfants mais vous ne savez pas dessiner ? Vous pouvez générer des images qui correspondent à vos écrits, textes, poèmes, chansons…
- Créer des illustrations pour les projets scolaires, etc.
Mon conseil est de ne pas prendre peur mais de chercher comment cet outil incroyable peut nous servir, nous faire gagner du temps, nous amuser.
Un autre conseil, ne mentez pas. Dites que vous l’utilisez, ne dites pas que c’est un dessin ou une photo de vous. C’est comme mentir sur un CV, un jour ça vous desservira…
Et je tiens à dire à tous les artistes qui me lisent que je respecte au plus au point leur travail. Je dessine également et je fais de la photo, je prends du plaisir à prendre le temps de créer chaque trait, à colorier…
Ou encore à poser des heures pour choper une abeille en macro et attraper des crampes pour cette minuscule fleur au sol… Les deux peuvent cohabiter. L’IA n’est pas un ennemi, c’est un outil fabuleux. Utilisez-le !
Vous êtes toujours là ? Un dernier tip : si vous creusez un peu le sujet, vous trouverez des trucs de dingue comme d’autres IA qui permettent d’arranger les visages, de compenser les zones manquantes autour d’une image (fabriquer le reste d’un corps par exemple), de capturer des expressions faciales pour les appliquer sur vos images de visage pour les animer ensuite, bref, des trucs de dingo ^^